Gharar, l’incertitude

gharar

La finance islamique, riche en nuances et complexités, est un univers fascinant. Un concept qui suscite un intérêt particulier est celui de Gharar, qui signifie incertitude. C’est une idée simple, mais son impact est profond. Ce principe de la non-incertitude est l’un des fondements de la finance islamique. Et si nous partions ensemble à la découverte de cette notion si particulière ?

Le Gharar est évoqué dans le Hadith suivant : « Le Prophète a interdit l’achat d’un animal non né dans la matrice de sa mère, la vente du lait dans la mamelle sans mesure, l’achat du butin de guerre avant sa distribution, l’achat des dons de charité avant leur réception, et l’achat de ce qu’a récolté un pêcheur avant sa pêche ».

Celui qui respecte l’interdiction du Gharar n’encourt aucun risque de provoquer le conflit ou la tension, élimine toute ambiguïté de toute transaction qui devient par conséquent traçable et transparente.

Le Gharar équivaut à la vente d’un objet que le vendeur n’a pas en sa possession. Aussi, l’absence d’unité de mesure ou de chiffre exact permet de définir le Gharar d’une notion morale et éthique.

Cependant, le Gharar est considéré comme normal dans une transaction, s’il n’est pas excessif, et si son impact sur l’économie ou la société est minimal. Dans l’univers bancaire conventionnel, le Gharar se matérialise par les produits et transactions à terme, dont le caractère principal est une incertitude évidente quant à leur réalisation.

Le Gharar au quotidien

  • Le marchand de fruits par exemple ne peut vendre des fruits encore en plein développement : ils sont prompts à pourrir et à être jetés.
  • La banque islamique ne peut vendre d’un bien à crédit sans exprimer clairement la date d’échéance des paiements.
  • Le commerçant spécialisé dans les produits alimentaires ne peut vendre un produit sans que l’acheteur ait la possibilité de jauger de sa qualité.

En Finance Islamique, le Gharar permet des transactions en toute transparence, éthique, étroitement reliée à l’économie réelle.

Comprendre le Gharar : Définition et implications

Le Gharar, en termes simples, fait référence à l’incertitude ou à l’ambiguïté dans un contrat de finance islamique. Dans la jurisprudence islamique, toute transaction entachée de Gharar est jugée illicite (haram).

Le Gharar peut prendre diverses formes. Il peut s’agir d’une ambiguïté sur le prix, la qualité du bien ou sa livraison. Un autre type de Gharar concerne l’incertitude sur l’existence du bien. Par exemple, vendre des fruits encore sur l’arbre ou du poisson dans l’eau.

C’est une règle qui peut sembler très contraignante. Pourtant, elle a un objectif noble. Le Gharar est interdit afin d’éviter toute forme d’exploitation ou d’injustice financière. Il vise à garantir l’équité et la transparence dans toutes les transactions financières.

Impact du Gharar sur le marché financier islamique

Le Gharar a une incidence profonde sur la façon dont le marché financier islamique fonctionne. Il assure que toutes les transactions sont basées sur la clarté, la transparence et la justice.

Le Gharar et les produits dérivés

Un impact notable du principe du Gharar se trouve dans l’interdiction de la plupart des produits dérivés dans la finance islamique. Les produits dérivés, en raison de leur nature spéculative et de leur manque de transparence, sont généralement considérés comme comportant du Gharar.

Le principe du Gharar élimine ainsi le trading de nombreux instruments financiers comme les options, les futures et les swaps. C’est une différence majeure entre la finance conventionnelle et la finance islamique.

Le Gharar et l’assurance

Le principe du Gharar a également des implications significatives pour l’industrie de l’assurance. L’assurance traditionnelle, telle que nous la connaissons, est généralement interdite en finance islamique à cause du Gharar.

Cela peut sembler surprenant, mais si l’on y réfléchit, il est clair que l’assurance traditionnelle est pleine d’incertitude. On ne sait jamais si on va réellement utiliser l’assurance ou non. En outre, le montant exact qui sera versé en cas de sinistre est également incertain.

La finance islamique a donc développé son propre modèle d’assurance, appelé Takaful. Dans ce modèle, les risques sont partagés entre les membres, ce qui élimine le Gharar.

Dans le Takaful, il n’y a pas d’incertitude sur le paiement. Le montant exact à payer est connu d’avance. De plus, tous les membres partagent le risque, ce qui élimine l’incertitude sur le fait de savoir si l’assurance sera utilisée ou non.

Éviter le Gharar : Principes et Méthodes

Pour éviter le Gharar, plusieurs principes et méthodes sont appliqués en finance islamique. L’un des plus importants est le principe de la transparence. Cela signifie que tous les détails de la transaction doivent être clairs et compris par toutes les parties.

Un autre principe important est celui de la justice. Cela signifie que la transaction ne doit pas mener à l’exploitation de l’une ou l’autre des parties. Pour cela, toutes les conditions de la transaction doivent être justes et équilibrées.

En outre, la finance islamique insiste sur l’importance de l’engagement mutuel. Cela signifie que toutes les parties doivent être pleinement engagées et consentir à la transaction. Ainsi, il ne doit pas y avoir de contrainte ou de pression.

  • Prévoir des clauses claires et précises dans les contrats pour éliminer toute ambiguïté.
  • Assurer une divulgation complète de toutes les informations pertinentes.
  • Vérifier l’existence et la propriété des biens avant de conclure une transaction.
  • Ne jamais spéculer sur l’avenir ou se livrer à des transactions basées sur l’incertitude.

Nous avons parcouru un long chemin dans la compréhension du concept de Gharar, et c’est là que réside sa beauté. C’est une philosophie qui s’efforce de préserver la dignité et l’équité de chaque individu dans les transactions financières. C’est une approche qui valorise l’humain avant le profit. Alors que notre monde est de plus en plus marqué par les incertitudes et les turbulences financières, peut-être y a-t-il des leçons à tirer du principe du Gharar. Peut-être que le futur de la finance mondiale pourrait embrasser plus fermement ces valeurs d’équité, de transparence et de respect mutuel. L’avenir nous le dira.